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Chacun dans son coin

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ANTHONY LATTIER
Avec ANNE-CHARLOTTE DUSSEAULX
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RDV AU RAYON VRAC. Si vous filez en cuisine dès aujourd’hui, vous serez fin prêts pour demain. Votre mission : concocter votre “meilleur plat végé maison” (la reco de Playbook, le bourguignon de seitan) pour le “pique-nique partagé” qu’organisent les écologistes jeudi soir, en ouverture de leurs journées d’été à Tours (on vous en reparle plus bas). S’en suivra un tout aussi alléchant — mais fort énigmatique — “karaoké low tech autour d’un feu de camp sans feu”, le tout animé par le groupe “La Cantine des Scouts du Bœuf à 1000 pattes”. Bon réveil, nous sommes mercredi 21 août 2024.
ÇA VA TANGUER. “Comment on reste tous ensemble ? Comment on fait pour garder un groupe uni ?” Ainsi résumait un ponte macroniste interrogé cette semaine sur les inquiétudes qui entourent l’avenir du groupe EPR (Ensemble pour la République, ex-Renaissance). Le sujet taraude même Emmanuel Macron, selon notre interlocuteur. “C’est une préoccupation majeure” du chef de l’Etat, confirmait l’un de ses proches avec qui votre infolettre échangeait avant-hier.
Et pour cause : les députés du groupe se sont quittés en juillet après avoir vécu deux semaines de fortes tensions internes : réduits à moins de cent membres, ils ont élu Gabriel Attal à la quasi unanimité mais après un bras de fer en coulisses avec Gérald Darmanin et Elisabeth Borne. Le tout sur fond de dissensions entre l’aile gauche et l’aile droite à propos de la stratégie à adopter (pour ou contre une alliance avec la droite notamment) et sur la répartition des postes.
Du bon dans l’aile. Si ces épisodes pourraient laisser des traces, l’unité du groupe a malgré tout été préservée. Ceux qui envisageaient de former un groupe tendance sociale-démocrate sont finalement rentrés dans le rang (mis à part Sacha Houlié). Au téléphone avec votre infolettre, une membre de la bande se disait satisfaite des premiers pas d’Attal, affirmant avoir été entendue par le président du groupe lors de la fixation des priorités politiques du groupe.
Toutefois, 12 députés sur 99, une partie de l’aile gauche justement, ne se sont inscrits qu’en “apparenté” au groupe EPR, une forme de prise de distance. Gabriel Attal “respect[era] les sensibilités de chacun”, tenait à nous rassurer l’un de ses conseillers hier.
L’ÉLÉPHANT DANS LA PIÈCE. Parmi les facteurs de divisions à venir, la course à la présidence du parti Renaissance, remise en jeu à l’automne (Playbook vous en parlait fin juillet). Elle s’annonce… compliquée. “Tout le monde [au groupe EPR] est en train de recalculer ses positions dans cette perspective”, nous glissait la députée mentionnée plus haut.
Roi de la jungle. L’idée que Gabriel Attal cumule présidence du groupe et présidence du parti n’enchante pas tous les cadres de la majorité… à commencer par Emmanuel Macron, nous a soufflé un interlocuteur récent du chef de l’Etat hier.
Souvenez-vous : le président avait d’abord tenté sans succès de faire capoter l’élection d’Attal à la présidence du groupe EPR (comme nous vous l’avions révélé). Puis il avait discrètement essayé d’obtenir en juillet le report d’un bureau exécutif du parti où la question des dates du congrès devait être abordée. Et ce, en convoquant une réunion à laquelle Stéphane Séjourné — qui, outre ses fonctions de secrétaire général du parti, est aussi ministre des Affaires étrangères — devait assister. Loupé, là encore : le burex fut avancé de quelques heures, quitte à compter beaucoup d’absents (aucune date précise pour le congrès n’a pour autant été fixée).
Tâter le terrain. Qui pourrait affronter Attal s’il se lançait dans la bataille ? Gérald Darmanin a fait savoir cet été qu’il n’était pas intéressé. Elisabeth Borne, elle, entretient le flou. L’ancienne Première ministre, pas décidée, aurait en tout cas sondé par téléphone quelques présidents des fédérations de Renaissance cet été, a aussi ouï dire votre infolettre.
GELÉE DE COING. Les militants écolos débarquent donc demain à Tours, sur l’île Balzac plus précisément, avec leurs meilleurs produits bio pour la 40e édition des journées d’été des Ecologistes (les JDE pour les connaisseurs). Beaucoup d’élus ont d’ores et déjà rejoint la ville dirigée par le maire Vert Emmanuel Denis, à l’image de la présidente du groupe à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, spotted descendant du train hier après-midi (votre infolettre a les yeux partout). La secrétaire nationale Marine Tondelier tient, elle, une conférence de presse de présentation de l’événement en fin de matinée.
Ensemble pour le climax. A Tours, les regards se porteront surtout sur la candidate de l’alliance de la gauche pour Matignon Lucie Castets, qui y tiendra un meeting demain à 18 heures, à la veille du rendez-vous du NFP avec Emmanuel Macron.
AUX QUATRE COINS DE LA GAUCHE. La haute-fonctionnaire, qui préparera cette rencontre ce matin avec les responsables du NFP, enchaîne les prises de parole médiatiques : sur BFMTV lundi soir, dans Libération ce matin, avant Le Nouvel Obs. Castets cherche à l’évidence à mettre toutes ses chances de son côté pour tenter de convaincre Emmanuel Macron (bon courage). Elle ré-ré-ré-insiste donc dans Libé : elle est prête à faire des compromis. “Evidemment, on ne peut pas dire aujourd’hui : ‘Ce sera ce que nous proposons et seulement en nos termes’”, martèle-t-elle.
Trait d’union. Après le rendez-vous avec le président, Castets enchaînera par une tournée des autres universités d’été : vendredi après-midi à Montpellier chez les communistes et le lendemain à Châteauneuf-sur-Isère chez les Insoumis dont les “Amfis” débutent demain. Pour finir, elle s’affichera aux côtés des socialistes la semaine prochaine à Blois.
ILS ENFONCENT UN COIN. En amont de ce rendez-vous, le premier secrétaire du PS Olivier Faure est toujours sous pression. Pour ses opposants internes, la demande de destitution du président formulée dimanche par Jean-Luc Mélenchon ne passe pas. Ils ont saisi cette occasion pour réclamer une nouvelle fois une “clarification” de la ligne du PS.
En clair, que le PS coupe les ponts avec LFI. Les chefs des deux motions minoritaires, Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, demandent depuis dimanche un bureau national pour aborder la question mais Olivier Faure a refusé de l’organiser.
Fin de non-recevoir. “C’est les vacances…”, ironisait dès lundi un proche du premier secrétaire pour dire que ça n’aurait pas lieu. Une simple réunion en petit comité — avec Olivier Faure, Boris Vallaud, Patrick Kanner, Johanna Rolland notamment — a été proposée à Geoffroy hier. Elle a refusé. A ses yeux, seul un bureau national, “l’instance légitime et démocratique du parti”, peut “décider de notre orientation politique”, justifiait son entourage.
RÉVERSIBILITÉ BUDGÉTAIRE. Attendues en principe fin juillet ou début août, les lettres plafonds (les enveloppes de crédits allouées à chaque ministère) ont enfin été envoyées par Gabriel Attal à ses ministres démissionnaires, une étape importante de la préparation du budget 2025 dont personne ne sait à quoi il va ressembler ni qui le défendra. Le prochain gouvernement étant loin d’être nommé, Matignon s’est résolu à envoyer ces lettres tout en prévenant qu’elles se basent sur un “budget réversible” et que rien n’est “gravé dans le marbre”.
Autrement dit, le Premier ministre, étant démissionnaire, n’aurait pris aucune décision politique — ce que pourraient lui reprocher les oppositions — et son successeur pourra le remanier à sa guise. En réalité, Attal a fait un choix, celui de fixer un budget de l’Etat identique à celui de l’an passé. Soit 492 milliards d’euros alors que Bercy rêvait d’un montant moindre. Mon collègue Paul de Villepin vous donne plus de détails dans Paris Influ (pour nos abonnés).
CENTRALE ATONIE. La paralysie politique a bien des conséquences, comme celle-ci : elle inquiète la filière nucléaire. Ragaillardie par les annonces d’Emmanuel Macron depuis 2022 de construire au moins six nouveaux réacteurs dans les prochaines années, le secteur — qui attend des décisions politiques rapides — craint désormais pour son avenir, notamment si la gauche pèse davantage.
“On est dans les cinq ou six mois où tout se joue”, prévient Antoine Armand, député macroniste et nouveau président de la commission des Affaires économiques. “Trois mois de retard au moment clé, ça peut impliquer beaucoup plus à la fin des travaux.” Aucune commande ferme de l’Etat pour les nouveaux réacteurs n’a encore été faite auprès d’EDF. Et Luc Rémont, son patron, a pressé l’Etat de décider du financement de ces centrales “à l’horizon de l’automne”.
Des EPR pour EPR. Même si le “pacte législatif” rédigé par la Droite républicaine de Laurent Wauquiez veut promouvoir “l’excellence nucléaire française” et que celui des macronistes du groupe EPR évoque une accélération du déploiement du nucléaire, la gauche est beaucoup plus hésitante. Les communistes encouragent la relance, LFI et les écologistes s’y opposent et le Parti socialiste se cherche encore. Quant à Lucie Castets, leur candidate pour Matignon, elle n’a “pas de convictions toutes faites sur le nucléaire”, assurait-elle à BFMTV fin juillet.
Les partisans de l’atome sonnent donc le tocsin pour que le soufflé atomique mitonné par Emmanuel Macron ne retombe pas, comme vous le raconte plus en détail mon collègue Nicolas Camus dans cet article.
À DOS D’ÂNE. Kamala Harris est officiellement la candidate démocrate à la Maison blanche. Pendant que vous dormiez, les délégués du parti à l’âne l’ont adoubée, Etat après Etat, lors de la convention nationale qui se déroule à Chicago, comme ils l’avaient fait virtuellement il y a trois semaines.
Rock stars. L’ambiance survoltée de ce traditionnel roll call s’est prolongée lors des discours du couple toujours star du Parti démocrate, les Obama. Michelle d’abord qui a fait scander par la foule “do something“, puis Barack, dont le mélange entre humour (une blague sur l’obsession de Trump pour la taille) et les attaques sur l’adversaire républicain (“on a tous vu ce film et on sait tous que généralement le sequel est pire”) a encore électrisé le public, avant de lancer, à propos de Kamala Harris : “Yes she can.” Mes collègues américains ont relevé ici leurs meilleures punchlines.
La peau de l’ours. Kamala Harris n’était pas là pour profiter du show et de sa dynamique conquérante. Elle était en meeting dans le Wisconsin, considéré comme swing state, qu’Hillary Clinton avait laissé s’échapper en 2016. Les stratèges de Harris jouent la prudence, il reste encore 77 jours avant l’élection. Et autant de risques de coups de théâtre dans une campagne qui n’en a pas manqué jusque-là.
Prudence. Chez les chapeaux à plumes démocrates, on s’attend à un résultat très serré. Hakeem Jeffries, élu de l’Etat de New York, interrogé par mes collègues américains, prévient que le parti doit encore “franchir la ligne d’arrivée”. Un appel à garder la tête froide.
To the left. La vice-présidente serait notamment bien inspirée de garder un regard attentif sur sa gauche. Invité dans le POLITICO-CNN Grill, le sénateur Bernie Sanders a affirmé qu’elle a “le potentiel pour devenir une bonne présidente”, tout en admettant qu’ils ne sont pas “meilleurs amis”. Sur la réforme de la santé par exemple, Sanders aurait aimé que le ticket Harris-Walz aille plus loin : “Je pense que j’ai raison et que [Harris et Biden] ont tort, mais que vais-je faire ?”
Un autre avertissement pour Kamala Harris vient directement de la rue. Pendant que les démocrates se réjouissent à l’intérieur du United Center, des manifestations en soutien à Gaza tentent depuis lundi de mettre la pression sur la candidate jugée trop modérée sur la question. Rien n’est joué pour Harris, mes collègues de Washington vous en disent plus ici.
Marine Tondelier tient une conférence de presse de présentation des journées d’été des Ecologistes à 11 heures à Tours. 
7h10. RMC : Alexandre Novion, avocat de Christophe Ellul.
7h40. TF1 : Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État démissionnaire chargée de la Citoyenneté et de la Ville … RMC : Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France.   
7h45. Franceinfo : non communiqué.
7h50. France Inter : Faïza Guène, romancière, scénariste et réalisatrice.  
8h10. Radio Classique : Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français …Europe 1/CNEWS : Frank Delvau, président de l’UMIH Paris-IDF …  RMC : Pierre Hurmic, maire Les Ecologistes de Bordeaux. 
8h15. France 2 : Emilie Hanrot, professeure des écoles et auteure du livre « Kiffer l’école ».
8h20. France Inter : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale … RFI : Héloïse Linossier, journaliste chez Origami, média spécialisé dans le jeu vidéo … LCI : Manon Aubry, eurodéputée LFI.   
8h30. Franceinfo : Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale … Sud Radio : Rodrigo Arenas, député LFI de Paris. 
8h40. RMC : Rémy Boullé, para-kayakiste
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Budget : les lettres plafonds enfin arrivées à destination … Notre-Dame aura-t-elle son petit coin de paradis à l’Hôtel-Dieu ? … Protestants, musulmans, mormons : le classement contre-intuitif des cultes bénéficiaires de subsides étrangers. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Baptiste Bourboulon quitte ses fonctions de conseiller budgétaire et immobilier auprès de Sylvie Retailleau.
MÉTÉO. Grand soleil sur la Corse. Après avoir été surpris par les trombes de pluie à Paris, on comprend mieux pourquoi plusieurs personnalités politiques (Raphaël Glucksmann, Fabien Roussel, Prisca Thévenot…) ont choisi l’île de Beauté pour leurs vacances. 
ANNIVERSAIRES : Pierre Vatin, ancien député LR de l’Oise … Ronan Le Gleut, sénateur LR des Français de l’étranger …  Ahmed Laouedj, sénateur RDSE de Seine-Saint-Denis. 
PLAYLIST. Y a-t-il meilleur titre de chanson que celui-ci : Happy Soup, signé Baxter Dury ?
Un grand merci à: Paul de Villepin, Alexandre Léchenet, Nicolas Camus, nos éditeurs Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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